Dimanche des Rameaux

Voici la semaine sainte qui commence.

Chaque année, le patriarcat latin de Jérusalem organise une procession de Betphagé à Jérusalem. En temps « normal » ( cette expression est-elle adaptée à la région ?), les pèlerins des quatre coins du monde se joignent au cortège mené par la fanfare des scouts, et défilent avec les chrétiens locaux, et les religieux des différentes communautés présentes sur la terre sainte.

Cette année, un doute plane sur le maintien ou non de cette manifestation et surtout sur sa tonalité. Est-il décent de chanter, tandis que les chrétiens de Gaza vivent un enfer, et que ceux des territoires occupés (dont Béthléem), ne sont pas autorisés à venir vivre les célébrations à Jérusalem…

Le rendez-vous est donné à Bethphagé sur le versant est du Mont des Oliviers, à 14h30. Derrière l’église, un podium et une sono. La foule se rassemble et devient de plus en plus dense. Certains portent d’immenses branches de palmiers. Nous retrouvons des visages connus. L’église de Jérusalem est petite. Après un petit mot d’accueil du cardinal, le cortège s’élance, la croix en tête. Le cardinal et les évêques ferment la marche. Consigne est donnée de n’avoir pour seul drapeau que la croix du Christ. Le but de notre marche, c’est de prier pour la paix. Nous montons vers le sommet du Mont. De petites grappes se forment autour des communautés qui chantent selon leur style propre : les chants espagnols des uns, les polyphonies en français des autres, mais surtout, les rythmes enflammés des missionnaires d’Afrique… Ce sont des mini JMJ pour séniors ! ( peu de jeunes dans ce cortège …) une foule assez bigarrées, un mélange de clercs et de laïcs.

Des enfants palestiniens applaudissent et dansent sur notre passage, certains essaient de vendre des petites bouteilles d’eau. Une fois au sommet, nous redescendons dans la vallée du Cédron, pour remonter sur Jérusalem. La vue sur le Dôme du Rocher est saisissante. Comme la route serpente, nous pouvons voir le début et la fin de la procession. On m’explique que d’ordinaire, on ne voit pas la fin de la marche, tellement il y a de monde.

Après avoir passé la Porte des Lions, nous entrons dans le grand jardin de l’église St Anne, confiée aux Missionnaires d’Afrique ( Pères Blancs ). C’est le moment pour le cardinal Pizzaballa de prendre la parole:

«Ces derniers mois, nous nous sommes peut-être sentis perdus, déconcertés, seuls et sans repères. Nous nous sommes sentis écrasés par tant de haine. Cette terrible guerre qui semble ne jamais finir fait grandir la peur de l’avenir dans nos familles»

«Aujourd’hui, nous sommes à nouveau là, bien que peu nombreux, sans pèlerins et sans tant de nos frères et sœurs de tant de régions de notre diocèse, qui n’ont pas pu se joindre à nous. Cela ne nous décourage pas! Peu ou nombreux, il est important d’être ici et de crier avec force et foi que nous avons une référence, Jésus-Christ. Que nous ne sommes pas seuls et que nous ne sommes pas abandonnés, et surtout que nous n’avons pas peur!»

Lundi, c’est la fête de Pourim dans la communauté juive. En souvenir d’Esther, qui a usé de ses charmes pour séduire Amman et éviter le massacre de son peuple, les enfants se déguisent et les adultes s’enivrent… jusqu’à, selon la tradition, « ne plus pouvoir distinguer Mardochée et Aman, le bien et le mal… » Nous prions pour qu’il n’y ait pas de dérapage, tandis que, de leur côté, les musulmans entament leur deuxième semaine de Ramadan…

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