Ramadan semaine 1

Le ramadan a commencé dimanche dernier, ouvert par le traditionnel coup de canon, qui ponctue maintenant chaque jour le début et la rupture du jeûne. Cette année, pas de décoration lumineuse. Et pourtant, on comprend très vite que le ramadan, c’est une grande fête, un peu comme si la semaine de Noël durait tout un mois. Des stands de nourriture, pains, pâtisseries, sucreries, boissons.. apparaissent ici ou là. Les rues s’animent de plus en plus à mesure que l’heure de l’iftar approche.

Cette première semaine est sous haute surveillance avec un important déploiement de militaires dans les différents points stratégiques de la vieille ville. Quand les musulmans, tapis sous le bras, se rendent à la mosquée Al Aqsa, ils doivent se plier à plusieurs contrôles: les militaires arrêtent surtout les jeunes et les ados, vérifient leurs papiers, les plaquent contre un mur pour une fouille au corps…

Vendredi, jour de prière, on sent que tout le monde est un peu tendu. Un rien pourrait mettre le feu aux poudres. L’Ecce Homo se trouve juste au croisement d’une des rues qui mènent directement à la mosquée Al Aqsa. C’est là que s’installent journalistes et photographes. En montant sur la 3e terrasse, on peut voir l’esplanade qui se remplit peu à peu… Pendant la journée, on est à l’affût du moindre bruit suspect, ou de la fameuse odeur nauséabonde utilisée par l’armée pour disperser les foules… ce vendredi-là, tout se passe bien. D’après Issa, un employé de la maison, l’imam du lieu a des mots plutôt apaisants et sait maintenir le calme…

Le soir, à table, une des sœurs de Sion, 80 ans environ, nous dépeint « ce tableau idyllique qui l’a touché pendant la journée: une foule de musulmans, hommes, femmes et enfants, tous unis, se rendant à la mosquée, leur chapelet à la main, comme un flot paisible, pour aller prier, sous les yeux menaçants des militaires ultras armés, des milices sans cœur, qui n’y comprennent rien »…et elle conclut dans un grand soupir:  » Ah, quand on sera au ciel, on verra peut être que Jésus était musulman ! » et une autre sœur de continuer:  » et hindou ! » . La conversation se finit dans un grand éclat de rire. Finalement je comprends que cette soudaine admiration un peu hors-sol est à la mesure de l’angoisse qu’elle avait dû ressentir pendant la journée.

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