La guerre est déclarée

Hier matin, samedi , je suis dans mon bureau en train de préparer la commande de pitas pour la semaine, quand j’entends ce qui ressemble à des alarmes ou à des sirènes d’ambulance. Je ne suis pas plus inquiète que ça. Et puis, il y a du travail dans la maison: ranger le petit dèj, mettre le couvert , vérifier l’intendance, voir les repas avec Rassem le cuisinier … C’est seulement à la pause de 10h avec les employés que je comprends qu’il s’est passé quelque chose. Nahla, la réceptionniste, redescend rapidement à l’accueil après avoir avalé un café, le visage tendu et grave. Rassem me montre des vidéos prises par sa belle-soeur: on y voit des trainées blanches dans le ciel bleu, au dessus du Mont des Oliviers. Les enfants sortent des écoles et rentrent à la maison. On entend différentes infos: le numéro 2 du Hamas aurait été tué ce qui aurait déclenché l’offensive, on parle de dizaines de milliers de roquettes, de 20, 40, 100 morts… Chacun est sur son téléphone.

10h30 c’est l’heure du « Mini-Salomon », la réunion hebdomadaire où on présente le planning de la semaine suivante. C’est un « planning in the faith » comme le dit Claire ! dans la foi, car on va vivre au jour le jour… En nous adaptant d’une part à l’absence éventuelle des employés ( surtout des cuisiniers) et d’autre part aux annulations probables des guests… Déjà, on a augmenté les chiffres pour le repas de ce soir, car les guests ont demandé à rester dîner. Soeur Bernadette qui devait partir à Bethléem comme chaque samedi est contrainte de rester ici. Claire nous explique qu’il y a 3 lieux dans la maison qui sont des « safe-place », et en particulier, le fameux lithostrotos… l’ancienne voie romaine au sous-sol de la maison. Pour le moment, il n’y a pas de raison de paniquer. Nous sommes dans la vieille ville, où il n’y a pas de risque de recevoir des roquettes…

Pour nous, côté communauté, c’est en principe notre WE de rentrée. Soeur Marie-Farouza est coincée dans un abri, à Tantur, non loin de Betlhéem, avec tous ceux de le maison et une dizaine de personnes du « programme biblique ». Elle ne va donc pas nous rejoindre. Les Jamois, arrivent en fin de matinée, avec un autre couple de la communauté, de passage pour un service de 2 mois à Nazareth. Leur route s’est bien passée. Ils sont partis le matin même sans savoir ce qui se tramait du côté de la bande de Gaza.

Après le repas, nous commençons donc notre WE de rentrée. Le soir, nous montons sur la plus haute terrasse pour prier pour la paix dans cette région. Tout l’après midi, les rues se sont vidées. Un calme étrange s’est installé. Quel contraste avec l’ambiance festive de la veille où les rues étaient bondées à l’occasion de Soukkot !